Art~Guérison~Transformation
Panj (ਪੰਜ) est une performance interdisciplinaire qui mêle récits, musique en direct (fusion rock psychédélique) et vidéo.
Himmat a du mal à accepter la mort soudaine et inattendue de son père, Harchand. Une rivière de silence les sépare depuis qu'Himmat a fait son coming out. Des mots restent non dits, une réconciliation qui n'a jamais eu lieu, et des questions sur les sentiments de son père à son égard demeurent sans réponse.
Himmat se tourne vers sa mère, Surjit, pour trouver du soutien. Alors qu'ils partagent leurs souvenirs d'Harchand, elle lui confie les difficultés qu'avait son mari à soutenir sa famille au cours de diverses migrations. En remontant le temps main dans la main, ils revisitent les impacts de la Partition de l'Inde sur chacun d'eux. Ensemble, mère et fils, chacun témoigne des blessures que l'autre porte.
En se remémorant son 40e anniversaire et le « peti », un coffre traditionnel indien en bois que son père lui avait fabriqué, Himmat découvre que l'amour peut se manifester de multiples façons, que l'expression créative peut transcender le silence et que la compréhension peut émerger même après une perte.
Panj (ਪੰਜ) suit le parcours de la famille Sikh Punjabi d'Himmat à travers cinq moments clés de son histoire, du traumatisme de la décolonisation britannique et de la Partition de l'Inde et du Pakistan en 1947, en passant par l'immigration britannique au Canada, jusqu'à l'émergence d'Himmat en tant qu'artiste queer.
La performance explore la transmission des effets de la dislocation et de la séparation entre les générations, amenant le public des rivières divisées du Punjab aux rives du Saint-Laurent, où la guérison devient possible.
* Panj (ਪੰਜ) signifie cinq en punjabi. Le Punjab signifie le pays des cinq rivières. L'origine de ces mots est persane.
Panj est une œuvre en cours qui a été présentée à la salle de théâtre de Montréal Arts Interculturels (MAI) pendant le Festival Accès-Asie, pendant deux soirées en mai 2022, Mois du patrimoine asiatique.
La performance est née du travail de guérison que j'ai entrepris après le décès de mon père. L'histoire s'est cristallisée à travers trois processus parallèles : des pratiques de guérison corporelles (pleine conscience et thérapie EMDR), des conversations approfondies avec ma mère et la tenue d'un journal de réflexions qui m'a aidé à faire du sens de décennies d'histoire familiale.
Simultanément, j'ai commencé à explorer les archives photographiques de mon père ; il était un photographe amateur doué qui avait documenté notre vie de famille pendant des décennies. Revoir les images qu'il avait prises de moi tout au long de ma vie est devenu une méditation en soi. J'ai commencé à me voir à travers son objectif, à comprendre comment il avait été témoin de mon parcours. J'ai pu voir de nouveau sa fierté et l'amour avec lequel il avait documenté mes réussites. Son silence ne masquait pas un rejet, mais reflétait peut-être plutôt son propre combat face à un monde qui n'acceptait pas son enfant. J'ai finalement pu ressentir la profondeur de son amour pour moi, un amour qui avait toujours existé.
Ma pratique musicale s'inspire de mon éducation en musique classique occidentale, de la musique religieuse Sikh, des trames sonores de Bollywood, des musiques classiques et folkloriques indiennes qui résonnaient dans mon foyer d'enfance, et de la musique populaire contemporaine, notamment le mouvement Art Rock britannique des années 1970. J'ai baptisé ce style « Psychedelic Rock Fusion » !
La performance mélange de la prose, de la poésie, de la musique rock fusion psychédélique en direct et des images projetées pour créer un voyage multisensoriel à travers la mémoire et la réconciliation. Grâce à ce processus créatif, j'ai découvert comment l'expression artistique et la guérison thérapeutique peuvent fonctionner en synergie ; comment témoigner de nos histoires à travers l'art peut transformer notre compréhension de nous-mêmes et de ceux que nous aimons.